Je veux quelqu’un de triste avec moi
Mais je ne trouve pas
À la Dame
Fils de soie
Claire, inutile aux femmes
Parabole de la renommée venue à moi dans la terre
Je me réjouis beaucoup
Moi et non seulement moi, mais tous ceux qui désirent
Ressors
Jouir plus que les autres
Vanités de la peau
Élans de ton cœur
Plutôt : le dénuement du corps
Prends du genre comme on s'arme
Garde-moi entière et change
Quand tu l'aimes, quand tu le touches
Quand tu l'acceptes
La puissance la douceur les sens les mots
Les positions
Les manières Claire
Les baisers qui attachent des pierres sur les seins
Le monde des blancs à mes oreilles
L'amour roulé
Baigneuses tropistes
Petites couronnes
Ce qui se fait de mieux dans le genre sœur-femme
Épouse-homme sœur-frère-mari
Père-femme célibataire
Quel joli-cœur !
Soyons forts et commençons
Je désire le pauvre pour nous-mêmes dans mon corps
Et dans le lieu de notre premier parent
Pauvreté d'aimer et d'embrasser
Pauvreté d'avoir et de vouloir
Pauvreté des choses qui sont faites et les baisers
Les renards ont des trous
Les oiseaux ont la parole
Les humains ont une tête et nulle part où la poser
Je suis la bête mère
La petite fille qui accueille les morts venant dans un ventre lisse
Voulus venant pauvres
Préférés
Attendus pauvres poussés comme le voleur vole
Et la récompense est copieuse
Je pose les mains à plat sur son dos et tout le monde est touché
Je crois l’apprendre dans la peau :
J’aime comme moi et je perds vite le fruit du partage
L'être têtu ne peut lutter contre ce qui est nu
Je crois apprendre et donner
Prise entreprendre et laisser
Je rejette les vêtements
Évite de succomber dans la lutte
Petite morte petite porte voie étroite
Quel échange !
Laisse les biens pour de bon
L'amour dans la terre
Recevoir cent recevoir un
Posséder l'amour
C'est pourquoi j'ai pensé :
Il faut, je peux faire l'amant
Je suis prête à servir inutile sous son ventre
Je me sens grandie dans son ventre
Je me sens servir sur son ventre
Et servie, je veux
Et je prends
Je veux et je viens
NOUS venons : c’est mon frère
C’est ma mère
Les autres sont mes sœurs
Mes petits frères
Nous aimons et méritons de jouir
Toujours ensemble
Portez-vous bien
Tiens bon !
Sur les pauvres
À leurs pieds
Dans leurs pas
Nous n’allons pas seuls
À l’envers des façons
À l'écart des maisons
Je me dénatte
Je suis Claire
Qui deviens parfaite
Et toi qui viens
Ton odeur attachée à la chambre Claire
Toute la nuit sur une chaise
Une cathédrale de pauvreté
Dont on ne compte plus les flèches
On s'y bouscule
Ça valse sous les poitrines
Ça frissonne
On reste attachés
Corde pauvre de l’esprit simple dans la grande joie
Ardente générosité rentrée dans la chair
Attachés aux traces
C’est François
Il sert, il noue
Il épouse
Il laisse des marques sur les hanches
Et dans la chambre, tout un feu
Comme une nuit en plein jour
Comme la suie et le bistre sur les murs
Il décharge, il sème
Et c'est en moi que j'échappe
Sans paroles superflues
Plus rien de superflu
Ce qui ne dit rien à personne
Ce qui console quand on pleure de plaisir
Ce qui fait rire
Le corps aimé, celui offert
Ce qui est pris est pris
À nos débuts sans fin
Ce que tu tiens, tu le tiens fermement
Ce que tu fais
D'un pas léger sans entrave aux pieds
Une course rapide
Pas de poussière
Tu es sûr et gentil
Tu es parfait et joyeux
Et moi aussi je cours
Pas de bruit
C'est le chemin de la jouissance
Où je ne crois rien
Où je ne consens à rien
Et je retiens mon souffle
La voie amoureuse
Pères-frères-sœurs qui imitent les conseils citoyens
Mais si la vie dit autre chose
Si s'oppose la vie des autres
Si je la refuse
Si je l'aime, mais la refuse
Si elle n'embrasse pas le pauvre
Je la refuse, oui
Je te suis parce que tu es laid
Parce que je suis faible
En notre nom
Le livre des révoltes
Parmi d'autres noms
Tous ceux qui s'obstinent et refusent
On se portera en amour
La mauvaise allure
L'inhabitation
L'heureux état
Je respire en exultant
L'amour, je l'ai appris
Tu me vaux
Tu me remplaces
Tu remplaces mes sœurs
Mes sœurs défectueuses et tous les frères
Je me réjouis tant de ton imitation du fils
Que je peux sentir la joie au bout de mes doigts
Quand je les porte à mes narines
Je tiens à ce que j'ai de toi
Par les poumons
Et je te veux par la main
Filtre d'amour courtois et français
Je viens sous ta langue étrangère
Nettoyer les astuces et la ruse
Je nettoie l'orgueil qui nettoie la nature
Je me lave de la vanité qui rend l'idiot si propre
Et si brillant
Je t'embrasse toi
Par la force
Pauvretés sans clôture
Qui parcourent le champ lexical
Tout un monde libre qui s'engouffre
Vallée du sens
Où rattraper des phrases et les redresser
L'amante dit à l'amant :
"Je te considère comme auxiliaire"
Et les mots alors agissent sur le plein des choses
Leur enveloppe se soulève
Toutes les enveloppes
Les surfaces, la peau
Les mots écorchés
La langue s'agite
Et je succombe
Nous nous réjouissons beaucoup
Qui dirait : "il n'y a pas de joie" ?
Qui dirait : "la joie n'englobe ni la tristesse ni le brouillard" ?
Mon amant a posé l'esprit sur un miroir
Et je le regarde maintenant en moi
Je vois l'image de son amour dans ma substance
Et je ressens pour moi-même
Ce que ressentent les amis
Quand ils approchent et halenent cette odeur de violence inversée
Celle de l'amant caché
J'aime totalement celles et ceux pour qui mon amant s'est donné
Quelle beauté dans mes yeux !
Quel ennui pour le monde !
Quel embarras !
Car j'aime aussi la mère qui l'a fait naître
Mon désir monte jusqu'à la source
Et c'est ma sœur, tu vois ?
Elle l'a recueilli
Mon petit amour
Dans le petit enclos de son ventre
Je le veux, je veux dire : il me faut aussi ce ventre
Celui ou celle qui aime mon amant
Mon amant l'aimera
Et moi aussi je l'aimerai
Nous irons à lui
Nous serons à elle
Nous ferons chez lui notre maison
Et chez elle, nos rituels
Je ne crains pas les embûches du genre humain
Mon amant
Un être l'a porté et moi qui le porte maintenant
Maintenant qu'il est entré dans mon corps
Je porte aussi celui qui l'a porté
Et tous ceux qui l'on aimé ou qui l'aiment encore
Je les porte à aimer d'autres que lui
J'ai en moi ce qui te contient
Ce que j'ai de toi en moi me possède
Et je ne veux rien de plus ni de moins
Un monde amoureux que je nourris au-dedans
À la moitié du corps
Au réceptacle des amours
À la sœur à l'époux
À la mère-père très chère
Le fils particulier
Et moi, Claire et inutile qui n'écris pas beaucoup
Ne dis presque rien
Ne me fais pas comprendre
Et ne surprends personne
Je jouis et je brûle
Dans l'incendie d’un morceau
Brûlent aussi les contours maternels
Le manque de messages
Le danger des routes
L'empêchement d'aimer, mais
Maintenant tu es là
Et j'exulte avec toi
Face à toi
En miroir
Époux aussi de mon amant
Parce que tu es l'autre vierge
Fiancée du monde avec le monde
Heureuse, oui, c'est sûr
Je jouis en plein repas
Les liens de l'amour
ont saisi ma tête et la penchent en arrière
J'ai la gorge ouverte
Et les armées l'admirent
L'affection l'affecte
Ses cris rejouent la bienveillance qui nous comble
Tout est voulu-lâché
Et la douceur dont je suis pleine maintenant
Ajoutée à celle que j'avais hier
vois comme elles se frottent
l'une à l'autre
l'une sur l'autre
Elles brillent
Elles libèrent une odeur à réveiller les morts
À faire bander les chiens
Et toi, tu rends si bien la lumière
Tu es un miroir sans une seule tâche
Un miroir à regarder tous les jours
À confondre nos images
À les clouer superposées au bois d'un poteau indicateur
Dedans dehors sois lui sois moi, réfléchis
Sois la même habillée ou nue
Couverte de fleurs ou parcourue de joie
Fille épouse mari maman qui frissonnent
Dans le miroir du pauvre
Ils rient
Humiliés et généreux en nous
Qui avons la pauvreté en dépôt
Expérience publique du monde intérieur
Caverne glottique des langues vivantes
Toute une crèche de sabirs
La terre couche entre mes jambes
Poteaux d'exécution
"La Pauvreté rend libre"
Mmmh
Réfléchissons, miroir
Regarde ce qui n'est ni dit ni donné
Ou alors meurs
De ce genre de mort honteuse
Poteaux avertisseurs
Au clou desquels on crie sans oublier
La qualité des douleurs
Saignement
Mémoire liquide, je m'entraîne à toi et j'arrive
L'odeur de ton corps affole les courants et me perds
Tourbillons à mes narines
Souvenirs ivres, fleurs de vin
Prends-moi dans le vin
Ton côté gauche glissé sous ma tête
Baise-moi, regarde-moi
Pense à ta mère-frère
Et moi je penserai à tes pauvres
Que dire de plus ?
Que vouloir encore ?
Que dans le choix de toi ne se taise jamais la décision
Quand la main peut tout dire
Je laisse aller ma tête
Et voilà mon amour :
Une idée charnelle dans un corps idéal
Prends-le et pars
Donne-la-moi et viens
Oui
Amen